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En 1961, deux Sarcelloises, conscientes des difficultés
d'adaptation des jeunes femmes africaines ou malgaches
habitant notre ville, prenaient l'initiative d'ouvrir à leur intention, un cours d'alphabétisation en lien avec l'Éducation Nationale.
Ces cours étaient dispensés dans le sous-sol du bâtiment 41
où étaient alors provisoirement installé le Centre social CAF.
En 1964, vu le développement des cours, était créée l'association Accueil et Culture déclarée suivant la loi de 1901.
Accueil et Culture a pour objet de favoriser les relations humaines entre personnes de nationalité différente et d'organiser des activités culturelles pour rapprocher les diverses communautés, mais aussi d'assurer une formation de base dans un but de promotion, à toute personne dont le français n'est pas la langue maternelle.

 
 
 

Entretien entre Résonances (PDF) et margaret Allouche (février 2006)

Résonances : Comment est née Accueil et Culture ?

Margaret Allouche, directrice de l’association : À l’origine, le grand ensemble est peuplé par des populations diverses, françaises ou immigrées, ouvrières, mais aussi personnes de catégories socio-professionnelles moyennes et supérieures attirées par des conditions de logement confortables. Parmi elles, deux enseignantes prennent conscience des difficultés d'adaptation de jeunes femmes africaines, notamment malgaches. Dès 1961, elles créent un cours d'apprentissage du Français en lien avec l'Éducation nationale. Quelques hommes y participent aussi, après leur journée à l’usine. En 1964, face à l'essor de l'activité, l’association est créée. Accueil et Culture se donne comme objectifs de contribuer à la promotion des individus et de favoriser les relations humaines entre personnes d'origines différentes. Depuis, au fur et à mesure des besoins des habitants et, parfois des demandes institutionnelles, l'association a élargi ses activités : accompagnement scolaire, social (écrivain public), soutien à la parentalité, formations multimédia, action école ouverte sur le quartier...


Résonances : Quelle est la spécificité de l’approche de l’association ?

M. Allouche : Un projet illustre particulièrement notre philosophie. Il s’agit d’une action de médiation entre les cultures, entre les familles et les professionnels. Celle-ci s’est construite à partir d’un constat : la blessure de certains parents ayant de la difficulté à supporter l’exil et le déracinement. Ces souffrances atteignaient par répercussion leurs enfants, qui parfois exprimaient un mal-être à l’école. La communication entre professionnels de l’éducation nationale, intervenants sociaux et famille restait difficile. De part et d’autre, il manquait des clés pour lever les incompréhensions et chacun le reconnaissait. Ce projet repose sur une dimension éthique forte. D’une part, il s'inscrit dans la prise en compte de la personne telle qu'elle est, dans son environnement familial, social, culturel, ses difficultés et ses ressources. D’autre part, il repose sur un partenariat fort entre professionnels et familles. L'accueil est l’autre valeur fondamentale d’Accueil et Culture. Il ne s’agit pas seulement d’un lieu physique mais bien, à chaque fois, d’une rencontre, d’une relation qui s’établit avec les habitants, avec les acteurs sociaux. C’est sur cette capacité à accueillir et écouter que se construisent nos actions.


Résonances : Cette posture, fondée sur des actions sans cesse réajustées, est riche, mais peut être inconfortable...

M. Allouche : C'est vrai. Pour le professionnel, ce positionnement est plus difficile à tenir que d’entrer dans un cadre pré-établi. Mais en même temps, c’est ce type de posture qui a, par exemple, intéressé l'Éducation nationale, et nous a amenés à développer avec elle des actions ciblant des enfants primo-arrivants, non francophones ou en difficulté. Mais ce positionnement nous fragilise aussi. Ce fut le cas par exemple quand les orientations nationales ont imposé des logiques de marché public pour le financement de cours de français pour les primo-arrivants. Cela percutait notre propre approche : inscrite dans la proximité, la souplesse, la socialisation des personnes, en plus de l’apprentissage strict de la langue. De plus nos cours s'adressaient à un public plus large que les seuls primo-arrivants. En effet, certaines personnes arrivées de plus longue date, peuvent à un moment de leur parcours, avoir besoin d’appuis pour s’exprimer en Français. Nous avons dû batailler pour tenter de préserver cette forme d'action, décalée par rapport aux standards exigés, et nous y sommes parvenus. Néanmoins, malgré la reconnaissance affichée de notre travail par les institutions, nous avons subi de plein fouet des restrictions ou réorientations budgétaires et avons dû réduire l’équipe et les actions.


Résonances : Comment, alors garder l’énergie de poursuivre ?

M. Allouche : Cela renvoie au sens de l'engagement associatif, au militantisme, à des convictions personnelles sur la nécessité de préserver la capacité de la société à vivre ensemble. Il est essentiel que toutes ensemble, les associations, nous puissions mettre en commun nos énergies, réfléchir à de nouvelles formes de solidarité, à redonner du sens... tout en sortant de cette dépendance financière vis-à-vis des pouvoirs publics.

L'association ACCUEIL et CULTURE n'est pas seulement témoin des évolutions de la société, mais elle agit depuis sa création en 1964 au cœur des réalités des quartiers. Depuis, notre mission est de faciliter l'insertion scolaire, sociale, professionnelle et citoyenne des personnes et des familles à travers des actions de formation, d'accompagnement et de médiation. Notre approche du public est pluridimensionnelle : elle prend en compte la personne dans sa globalité, la proximité des actions, une logique de prévention et d’insertion, une écoute et un accueil permanents, un réseau partenarial et une équipe expérimentée et motivée. Accueil et Culture a plus de 20 ans de pratique dans le secteur de la formation et dans l’éducation populaire. Notre capacité d'écoute, nous a permis de proposer des actions répondant aux besoins du public et des institutions, comme la formation linguistique et le multimédia, la médiation sociale et culturelle (Ecrivain public), l’accompagnement scolaire et le soutien à la parentalité ainsi que des actions culturelles.

 
 
 
 
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